Potentiel

Je n’ai pas hérité d’un gros potentiel
Mais je suis travailleur et je fais le ménage
Dans mon cœur chaque soir et mon bon pote au ciel
M’intime la lenteur pour que je me ménage ;

Qui donc pourrais-je croire, en ce monde, à part Dieu
Quand tous les éléments m’ont trompé dès l’enfance ;
J’avais misé un peu sur Gérard Depardieu
Mais il a déserté le sol sacré de France.

L’institutrice avait soi-disant décelé
Une précocité quand à sept ans est l’âge
De raison qui vint sous mon front étincelé
D’étoiles scintillant comme un heureux présage.

Mais, si je déchiffrais Epictète et Platon
J’ânonnais De Musset, damnait De Lamartine
Et ce n’est qu’à huit ans et cent coups de bâton
Que je traduisis le Grec pour une tartine.

Je devais donc assez dégager de sueur
Pour admettre à peu près que la terre était ronde
Et que s’entourait le soleil d’une lueur
Pour que le soir le voie quand dans la mer il tombe.

Je n’ai pas modéré le rythme et le tempo
Et j’ai continué à énerver les lignes
Jusqu’à ce jour maudit où entra dans ma peau
Un enchevêtrement de cellules malignes.

Sonné, j’ai vacillé sur ma fondation
Et ma maison s’ouvrit à la pluie diluvienne
Provocant de ce fait une inondation
Traumatisante assez pour que je m’en souvienne.

Mes intérieurs noyés et séchés commençaient
A sentir le moisi, à se charger de rouille
Et bien qu’abasourdi et décontenancé
Je me suis assis sur le banc de la débrouille.

Puisque je suis à la fois malade et génial
Il faut que je parvienne à trouver l’équilibre
Sans devoir mettre en place un lourd cérémonial
En partant à la chasse avec un bon calibre.

J’ai mis la panoplie du tueur de tumeur
Et j’ai lancé l’attaque avec l’Arme secrète :
J’ai crié : « taïaut, plus brave que moi tu meurs
Et phagocyte-le de manière concrète »

Refait, le Malin prit ses jambes à son cou
Et instantanément, remarcha la machine
Que je graissai (oh ! juste avec un petit coup)
D’un vin santé mis dans une tasse de Chine.

Mon génie, près de moi sorti avec le Mal
Me dit « on l’a bien eu ! On va faire la fête !
Ainsi, l’esprit en moi est un être anormal
Assuré d’amener la bête à la défaite.

De nous deux, je sais qui a le potentiel
Et l’école n’a pas appris à ma maîtresse
Que le médecin dans l’humain descend du ciel
Et qu’il sait soigner son angoisse et sa détresse.