Le plaisir te fut dur, mais le mal est facile
Laisse-le venir à son jour. À la
Muse camarde on ne fait plus d'idylle;
On s'en va sans l'Ange — à son tour —
Ton drap connaît ta plaie, et ton mouchoir ta bile;
Chante, mais ne fais pas le four
D'aller sur le trottoir quêter dans ta sébile,
Un sou de dégoût ou d'amour.
Tu vas dormir : voici le somme qui délie;
La
Mort patiente joue avec ton agonie,
Comme un chat maigre et la souris;
Sa patte de velours te pelotte et te lance.
Le paroxysme encor est une jouissance :
Tords ta bouche, écume... et souri».
Moi ton amour? —
Jamais! —
Je fesais du théâtre
Et pris sous le manteau d'Arlequin, par hasard
Le sourire écaillé qui lézardait ton plâtre
La goutte de sueur que buvait ton bon fard.
Ma langue s'empâtait à cette bouillie acre
En riant nous avons partagé le charbon
Qui donnait à tes yeux leur faux reflet de nacre, À tes cils d'albinos le piquant du chardon.
Comme ton havanais, sur ta lèvre vermeille
J'ai léché bêtement la pommade groseille
Mais ta bouche qui rit n'a pas saigné... jamais.
L'amende est de cent sous pour un baiser en scène...
Refais ton tatouage, ô
Jézabel hautaine,
Je te le dis sans fard, c'est le fard que j'aimais.
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012