Dans la boutique, on vend de la lune séchée.
A l'aube le pêcheur rapporte à peine un poulpe, que les adolescents comparent, sans raison, parfois aux fleurs, parfois au sexe de la femme.
Le village voudrait voyager ; ses moyens sont modestes, pourtant : il change de colline et se contente le matin de peindre à neuf son vieil azur grincheux.
La fontaine raconte
son enfance banale, et le débarcadère
s'invente un grand passé plein d'audace et de sang.
Même le monument aux morts perd ses héros
dans l'herbe et dans le sable.
Au fond de la boutique, plus personne, parmi les miroirs et les clous, ne demande le prix de la lune séchée.
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012