Je suis comblé je suis si haut, tout en mon corps d'homme respire
—
Mais qui me tord et pénètre et renie...
Devant tes monts, au haut de toi, étreignant ton investiture
—
Mais quoi me conjure et me parjure...
Je t'ai vaincu
Thibct superbe, ô mon poëme ! o mon émoi
—
Je t'ai embrassé dans ta superbe
Autant qu'un homme peut jouir je me suis fondu dans ta glace
—
Mais quoi me reste inquiétant à fuir...
Je suis très haut, je n'ai plus peur ; je suis devenu
Prince même.
Lama, et yak et neige et pic...
—
Mais l'Autre qui me reste lointaine...
Te surmontant, te pénétrant, j'avais dessein, o diadème
De me couronner du monde-roi...
Je te saisis et je te tiens...
J'étais dominé par ton être
—
Mais
J'avais conçu par ton amour de parvenir à la connaître
L'Autre, la joie ou l'avenir...
Je te possède, o mon objet !
Je t'ai vaincu o mon poème
Et l'autre s'enfuit et me sourit
De ce regard et de ce feu dans tout ce visage suprême
—
Mais oii la trouver désormais
C'est fait, tout est fait, et j'attends. — j'ai dit tout est dit, et je meurs
—
Mais qui songerait à la tuer...
Celle qu'on chasse et qu'on poursuit, celle qu'on désire et qu'on pleure,
—
Mais qui la saurait accoutumer ?
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012