Comme un cygne qui vole entre mille corneilles,
Pressé de leurs rumeurs,
Je vais parmi la
France, accompli de merveilles,
Entre mille
Rimeurs.
De bec, d'aile, de griffe et de voix continue
Ces monstres jour et nuit
Combattent ma louange en tout lieu reconnue,
En dépit de leur bruit.
Tels furent jadis ceux qui, rebours au mérite
Du
Cygne vendomois,
Approuvèrent
Meltn, pour être leur conduite
Au siècle des
Valois.
Je suis comme une roche au milieu des orages
Contre leur vain discours,
Et tel qu'un beau
Soleil entouré de nuages,
Quand il refait son cours.
Tant que luiront les jours et tant que la nuit brune
Épandra ses horreurs,
Ea terre enfantera, d'une suite commune,
Des chardons et des fleurs.
Ils ont beau forcener, ils ont beau mettre en vante
Leur mensonge effronté,
La vérité demeure et la gloire est vivante
A la postérité.
Les chantres de la
Grèce, en dépit des
Zoïles,
Sont passés jusqu'à nous,
Et les
Romains encore au pourpris de nos villes
Sont admirés de tous.
Que leur bouche devienne un foudre, une tempête,
Mille horreurs, mille morts;
J'affermirai le pas et lèverai la tête,
Invincible en efforts
Je dédaigne leur fougue et ris de leur audace,
J'ai les muses pour moi;
J'ai ceux qui, par aveu, sur le mont de
Parnasse
Ont dormi comme toi.
En si chère conduite, à mes vœux favorable
Je ne redout'rai pas
Ni l'ardente
Chimère aux humains effroyable,
Ni le monstre à cent bras.
Fléchirai-je aux corbeaux avoué par les
Cygnes?
Le
Chantre des
Lys d'or
A des
Chantres communs, entre le peuple insignes,
Fléchirait-il encor?
Non, non, je veux leur blâme et ne veux d'autre
En faveur de mon art, [gloire
Pour être un jour assis au
Temple de
Mémoire,
Compagnon de
Ronsard.
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012