Poèmes

Nurmahal

par Charles Marie Rene Leconte de Lisle

Charles Leconte de Lisle

À l'ombre des rosiers de sa fraîche terrasse,
Sous l'ample mousseline aux filigranes d'or,
Djihan-Guîr, fils d'Akbar, et le chef de sa race,
Est assis sur la tour qui regarde Lahor.
Deux Umrahs sont debout et muets, en arrière.
Chacun d'eux, immobile en ses flottants habits,
L'oeil fixe et le front haut, tient d'une main guerrière
Le sabre d'acier mat au pommeau de rubis.
Djihan-Guîr est assis, rêveur et les yeux graves.
Le soleil le revêt d'éclatantes couleurs ;
Et le souffle du soir chargé d'odeurs suaves,
Soulève jusqu'à lui l'âme errante des fleurs.
Il caresse sa barbe, et contemple en silence
Le sol des Aryas conquis par ses aïeux,
Sa ville impériale, et l'horizon immense,
Et le profil des monts sur la pourpre des cieux.
La terre merveilleuse où germe l'émeraude
Et qui s'épanouit sous un dais de saphir,
Dans sa sérénité resplendissante et chaude,
Pour saluer son maître exhale un long soupir.
Un tourbillon léger de cavaliers Mahrattes
Roule sous les figuiers rougis par les fruits mûrs ;
Des éléphants, vêtus de housses écarlates,
Viennent de boire au fleuve, et rentrent dans les murs.
Aux carrefours où l'oeil de Djihan-Guîr s'égare,
Passe, auprès des Çudrâs au haillon indigent,



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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