Poèmes

Neferou-Ra

par Charles Marie Rene Leconte de Lisle

Charles Leconte de Lisle

Khons, tranquille et parfait, le Roi des Dieux thébains,
Est assis gravement dans sa barque dorée :
Le col roide, l'oeil fixe et l'épaule carrée,
Sur ses genoux aigus il allonge les mains.
La double bandelette enclôt ses tempes lisses
Et pend avec lourdeur sur le sein et le dos.
Tel le Dieu se recueille et songe en son repos,
Le regard immuable et noyé de délices.
Un matin éclatant de la chaude saison
Baigne les grands sphinx roux couchés au sable aride,
Et des vieux Anubis ceints du pagne rigide
La gueule de chacal aboie à l'horizon.
Dix prêtres, du Nil clair suivant la haute berge,
D'un pas égal, le front incliné vers le sol,
Portent la barque peinte où, sous un parasol,
Siège le fils d'Ammon, Khons, le Dieu calme et vierge.
Où va-t-il, le Roi Khons, le divin Guérisseur,
Qui toujours se procrée et s'engendre lui-même,
Lui que Mout a conçu du Créateur suprême,
L'Enfant de l'Invisible, aux yeux pleins de douceur ?
Il méditait depuis mille ans, l'âme absorbée,
A l'ombre des palmiers d'albâtre et de granit,
Regardant le lotus qui charme et qui bénit
Ouvrir son coeur d'azur où dort le Scarabée.
Pourquoi s'est-il levé de son bloc colossal,
Lui d'où sortent la vie et la santé du monde,



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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