Poèmes

Mon Mal Vient de Plus Loin

par Jean Racine

Jean Racine

Mon mal vient de plus loin. À peine au fils

d'Egée

Sous les lois de l'hymen je m'étais engagée,

Mon repos, mon bonheur semblait être affermi ;

Athènes me montra mon superbe ennemi.

Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;

Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;

Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;

Je sentis tout mon corps et transir et brûler.

Je reconnus
Vénus et ses feux redoutables,
D'un sang qu'elle poursuit tourments inévitables.

Par des vœux assidus je crus les détourner :
Je lui bâtis un temple, et pris soin de l'orner ;
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée :
Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,
J'adorais
Hippolyte ; et le voyant sans cesse,
Même au pied des autels que je faisais fumer,
J'offrais tout à ce dieu que je n'osais nommer.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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