Mon Dieu, que les garçons
Ont de peine en ce monde,
Tourne la ronde,
Envolez-vous, chansons !
Tous, leur sort est le même ;
Les belles font aussi
Trop de souci
À celui qui les aime !
On n’est jamais content
Du jour où l’on courtise ;
Quelle sottise
De les regarder tant !
Leur amoureux langage
Nous tient à leurs genoux ;
C’est fait de nous
Si notre cœur s’engage.
Vous écoutez leur voix :
C’est comme une musique,
Mais leur doigt pique
Comme le houx des bois.
— « Mets-toi là, je t’en prie,
Je veux t’apprendre un jeu.
Regarde un peu
Si ma rose est fleurie. »
Et quand on vient, friand,
Tâter leur gorgerette,
Sous la coudrette
Elles fuient en riant.
De ce dur esclavage
Je me veux préserver.
J’irai trouver
Le rossignol sauvage.
— « Cousin, j’ai tant pleuré !
Chante-moi ta romance.
Allons, commence,
Je t’accompagnerai.
« Ma mignonne est si folle !
J’en ai trop de tourment.
Dis-moi comment
Au bois on se console. »
J’aurai soin d’emporter
Un flacon de vin rose.
Aucune chose
Ne vous fait mieux chanter.
Je rirai de la blonde
Et de la brune aussi.
Plus de souci :
Tourne, tourne, la ronde !
Poème publié et mis à jour le: 22 November 2022