Venir à la clarté ' sans force et sans adresse,
Et, n'ayant fait longtemps que dormir et manger,
Souffrir mille rigueurs d'un secours étranger
Pour quitter l'ignorance en quittant la faiblesse;
Après, servir longtemps une ingrate maîtresse
Qu'on ne peut acquérir, qu'on ne peut obliger,
Ou qui, d'un naturel inconstant et léger,
Donne fort peu de joie et beaucoup de tristesse;
Cabaler dans la
Cour; puis, devenu grison,
Se retirant du bruit, attendre en sa maison
Ce qu'ont nos derniers ans de maux inévitables :
C'est l'heureux sort de l'homme, ô misérable sort!
Tous ces attachements sont-ils considérables
Pour aimer tant la vie et craindre tant la mort ?
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012