Poèmes

Le Navire

par Tristan L'hermite

Je fus, plante superbe, en vaisseau transformée.
Si je crûs sur un mont, je cours dessus les eaux,
Et porte de soldats une nombreuse armée,
Après avoir logé des escadrons d'oiseaux.

En rames mes rameaux se trouvent convertis,
Et mes feuillages verts en orgueilleuses voiles :
J'ornai jadis
Cybèle, et j'honore
Thétis,
Portant toujours le front jusqu'auprès des étoiles.

Mais l'aveugle
Fortune a de bizarres lois :
Je suis comme un jouet en ses volages doigts,
Et les quatre éléments me font toujours la guerre.

Souvent l'air orageux traverse mon dessein,
L'onde s'enfle à tous coups pour me crever le sein,
Je dois craindre le feu, mais beaucoup plus la terre.



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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