Donne réponse à mon présent affaire,
Docte
Docteur.
Qui t'a induit à faire
Emprisonner, depuis six jours en çà,
Un tien ami, qui onc ne t'offensa ?
Et vouloir mettre en lui crainte et terreur
D'aigre justice, en disant que l'erreur
Tiens de
Luther ?
Point ne suis
Luthériste ,
Ne
Zwinglien , et moins
Anabaptiste :
Je suis de
Dieu par son fils
Jésus-Christ.
Je suis celui qui ai fait maint écrit
Dont un seul vers on n'en saurait extraire
Qui à la
Loi divine soit contraire.
Je suis celui qui prends plaisir et peine
A louer
Christ et sa
Mère tant pleine
De grâce infuse ; et pour bien l'éprouver,
On le pourra par mes écrits trouver.
Bref, celui suis qui croit, honore et prise
La sainte, vraie et catholique
Eglise .
Autre doctrine en moi ne veux bouter :
Ma loi est bonne.
Et si ne faut douter
Qu'à mon pouvoir ne la prise et exauce,
Vu qu'un
Païen prise la sienne fausse.
Que quiers-tu donc, ô
Docteur catholique ?
Que quiers-tu donc?
As-tu aucune pique
Encontre moi ? ou si tu prends saveur
A me trister dessous autrui faveur ?
Je crois que non ; mais quelque faux entendre
T'a fait sur moi telle rigueur étendre.
Doncque, refreins de ton courage l'ire.
Que plût à
Dieu qu'ores tu pusses lire
Dedans ce corps de franchise interdit :
Le cœur verrais autre qu'on ne t'a dit.
A tant me tais, cher
Seigneur notre
Maître,
Te suppliant à ce coup ami m'être.
Et si pour moi à raison tu n'es mis,
Fais quelque chose au moins pour mes amis,
En me rendant par une horsboutée
La liberté, laquelle m'as ôtéc.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012