Marcelle est une pauvre fille,
Marcelle,
qui, dans son déshabillé, a deux petites plumes sous les
[aisselles.
Elle qui encadre volontiers son mirely de papier d'argent, demain,
Marcelle doit être au tribunal pour son enfant
[mort.
Elle se revoit, à dix-neuf ans, sur la photo de son
[passeport, quand, moins de rouge aux lèvres et plus de rouge au
[Iront, elle fut séduite par le chauffeur de ses patrons.
Mais quelqu'un entre enfin dans son sacré bordel:
C'est un marin, un peu gai de retrouver la terre ferme. —
Viens tout contre moi, dit
Marcelle, j'ai si froid, et raconte-moi une histoire.
Le marin venait de
Podor, l'endroit le plus chaud du
[monde.
Il y avait une fois, commença-t-il, sur l'équateur une belle jeune fille qui avait sept frères.
Les sept frères tuèrent la jeune fille pour la dévorer.
Mais le plus jeune enterra le morceau qui lui échut et un beau cocotier poussa à cet endroit
Un cacatoès perché sur le cocotier tenait dans son bec une noix.
Les noix ont fort bon goût mais il faut les ouvrir.
Voici que passe un ménétrier.
Il coupa le cocotier et en fit un violon.
L'âme de la jeune fille, vous l'avez deviné,
était dans le violon et en sortit
pour s'en aller là-haut épousseter les étoiles.
Et depuis, conclut le marin,
en faisant mine de manier un violon
un violon à la noix de coco.
depuis, c'est fête au hameau,
chambellan, fiabellum, carabine,
quand
Mai nous ramène en berline
la colombine à plumeau.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012