Poèmes

L'ultime paroisse

par Jean-Michel Bollet

Votre paroisse, abbé, je crois, va disparaître ;
Vous êtes le dernier à servir le Seigneur
En étant pourchassé par le félon saigneur
A l’épée cachée dans son dos voûté de traître.

Il a la rage au cœur et la haine du Maître
Qui enseigna l’amour et le pardon commun
Aux pécheurs qui tombent mais lui seul est comme un
Envoyé de Satan qui peut tout se permettre.

Vieil abbé fatigué, pensez-vous à renaître ?
L’ultime soupir n’est ordonné que par Dieu
Et vous avez aux yeux le rire radieux
De l’homme heureux qui eut le bonheur de Connaître.

Beaucoup encore croient et espèrent, mon Père
Que la Bonté, le Don, l’Indulgence, la Paix
Sont de lourdes armes qui transpercent l’épais
Brouillard dans lequel perd le regard son repère.

Comment réagira le disciple de Pierre
Pour sauver l’enragé, calmement, sans crier,
Sans jeter sur ses pieds une funeste pierre ?

- Je lui dirai : « ami, l’ennemie est ton âme
Malade d’un poison enrobé de sésame
Qu’il va cracher quand je me mettrai à prier. »

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