Il tournait autour de moi qui ne voyais rien ;
D’aucuns me le disaient : ce rapace vautour
A des serres qu’il veut dans le creux de tes reins
Pour t’emporter plus haut que la plus haute tour.
Il m’entortillait en tissant de fins liens ;
D’aucuns me l’affirmaient : il t’aura bien un jour !
Les semaines passaient et je me disais : tiens !
Il ne se passe rien, est-ce après moi qu’il court ?
Alors, je m’amusais, parfois, je l’excitais,
En tout bien, tout honneur : mes deux mains sur le cœur ;
Il ignorait que je savais : il hésitait
A dire avec ardeur que j’étais son bonheur.
Puis, il a disparu pendant de très long mois
Et il réapparut en compagnie d’un être
Apprêté joliment, plus féminin que moi,
Qu’on aperçoit parfois le nez à la fenêtre.
« Dis, Juif, voici celui qui est toute ma vie :
C’est un Brésilien au nom d’Antonio ;
Il n’a aucun défaut et j’en ai eu envie
Quand je l’ai vu élu miss reine de Rio.
- Une reine à ton bras qui pourrait être roi…
Je respecte ton choix mais dis-moi sans mentir :
Qu’avais-tu à tourner ainsi autour de moi ?
- C’était pour savoir si j’étais bon à sentir. »