Poèmes

Les Rêveurs

par Roger Kowalski

Il s'élevait au-dessus de la ville une falaise noire d'une si prodigieuse hauteur qu'elle se perdait dans les brumes durables. Une ouverture au pied de la roche ouvrait sur d'interminables
galeries; quelques escaliers taillés dans la pierre se multipliaient soudain, aboutissaient à une énorme salle d'où repartaient de multiples corridors reliés entre eux
par des conduits secondaires et non moins chargés de repentirs. Mais au bout de tout cela, l'on se heurtait inévitablement à un mur. Et en effet, du dehors, un regard attentif
sur la falaise eût découvert que la paroi était, en manière de columbarium, percée de maintes ouvertures peu profondes. Qu'on se fût emparé d'un rêveur,
et l'on ne s'en privait jamais, il était aussitôt maîtrisé, ficelé, entraîné tout au long des corridors. L'on creusait alors jusqu'au vide; l'on déposait
le rêveur sur le sol et derrière lui édifiait une définitive maçonnerie de façon à constituer une sorte de grotte. Il y avait alors en vérité
quelque mérite à rêver.



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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