Certes, il n'aimait pas à la façon des hommes,
Avec des tresses d'or, des roses ou des pommes,
Depuis que t'ayant vue, ô fille de la Mer,
Le désir le mordit au coeur d'un trait amer.
Il t'aimait, Galatée, avec des fureurs vraies ;
Laissant le lait s'aigrir et sécher dans les claies,
Oubliant les brebis laineuses aux prés verts,
Et se souciant peu de l'immense Univers.
Sans trêve ni repos, sur les algues des rives,
Il consumait sa vie en des plaintes naïves,
Interrogeait des flots les volutes d'azur,
Et suppliait la Nymphe au coeur frivole et dur,
Tandis que sur sa tête, à tout vent exposée,
Le jour versait sa flamme et la nuit sa rosée,
Et qu'énorme, couché sur un roc écarté,
Il disait de son mal la cuisante âcreté :
Plus vive que la chèvre ou la fière génisse,
Plus blanche que le lait qui caille dans l'éclisse,
O Galatée, ô toi dont la joue et le sein
Sont fermes et luisants comme le vert raisin !
Si je viens à dormir aux cimes de ces roches,
A la pointe du pied, furtive, tu m'approches ;
Mais, sitôt que mon oeil s'entr'ouvre, en quelques bonds,
Tu m'échappes, cruelle, et fuis aux flots profonds !
Hélas ! je sais pourquoi tu ris de ma prière :
Je n'ai qu'un seul sourcil sur ma large paupière,
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012