Poèmes

Les Flamands

par Aloysius Bertrand

Aloysius Bertrand

La bataille durait depuis none, quand ceux de Bruges lâchèrent le pied, et tournèrent le dos. Il y eut alors, d'une part, si épais désarroi, et de l'autre, si rude
poursuite, qu'au passage du pont, nombre de révoltés croulèrent, pêle-mêle hommes, étendards, chariots, dans la rivière.
Le comte entra le lendemain dans Bruges avec une merveilleuse cohue de chevaliers. Le précédaient ses hérauts d'armes qui sonnaient horriblement de la trompette. Quelques
pillards, la dague au poing, couraient çà et là, et devant eux fuyaient des pourceaux épouvantés.
C'est vers l'hôtel de ville que se dirigeait la cavalcade hennissante. Là s'agenouillèrent le bourgmestre et les échevins, criant merci, mantels et chaperons par terre. Mais
le comte avait juré, les deux doigts sur la Bible, d'exterminer le sanglier rouge dans sa bauge.
« Monseigneur !
- Ville brûlée !
- Monseigneur !
- Bourgeois pendus ! »
On ne bouta le feu qu'à un faubourg de la ville, on ne pendit aux gibets que les capitaines de la milice, et le sanglier rouge fut effacé des bannières. Bruges s'était
rachetée cent mille écus d'or.



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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