Je reconnais l’endroit, les deux chemins croisés,
Les bouleaux agités toujours aux mêmes brises,
Les simples parfumant de leurs senteurs exquises
Les rives des ruisseaux qui coulent irisés.
Voici l’herbe moussue et les cantons boisés :
C’est ici que, rieuse, en mangeant des cerises,
Elle envoyait bondir sur les écorces grises
Les noyaux qui glissaient entre ses doigts rosés.
Qu’est-elle devenue ? Elle dort sous un marbre.
Rien n’est ici changé ; non, rien ; mais plus d’un arbre
S’est élancé vivant des noyaux rejetés,
Et des essaims d’oiseaux, promenant leurs ravages,
Plus nombreux chaque fois, depuis bien des étés,
Y viennent picorer des cerises sauvages.
Poème publié et mis à jour le: 22 November 2022