Quand les rocs parleroient, les maisons, et les bois,
Pour plaindre mes mal-heurs : et quand encor
Neptune,
Convertirait en pleurs sa grand plaine importune,
Ils n'auraient assez d'eaux, de souspirs, et de voix.
Quand les
Siècles, les
Ans, les
Saisons, et les
Moys,
Voudroyent plaindre à l'envy ma cruelle infortune :
Quand le
Ciel, le
Soleil, les
Astres, et la
Lune,
Voudroyent courber leurs chefs sous les plaintives
Loix :
Quand l'air ferait crever les plus espesses nues,
Quand leurs humeurs seraient en larmes devenues,
Et que chacun rocher eust un fleuve au couppeau,
Cela ne suffirait pour allanter ma flame,
Et plaindre le mal-heur qui grave dans mon ame,
La faim, la soif, la peur, la mort, et le tombeau.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012