Poèmes

L'Enfant de Dougga

par Jean Orizet

La ville de lézards et d'oiseaux, ancienne capitale d'un roi, est, en ce matin d'été, le royaume d'un enfant.

Devant le sanctuaire de Neptune, il devient prêtre; dans le temple de Coelestis, vestale ; aux marches du Capitole, tribun.

Sautillant de dalle en dalle, il traverse le forum, marque le pas sous l'arc de Sévère Alexandre, minuscule Imperator triomphant de sa curiosité.

Au-delà de cette porte inutile, le voici déjà dans l'oliveraie, où il demande à cueillir un rameau chargé de ses fruits ; et la branche en fait, à son insu,
le symbole vivant mais contraire de ce qui tua la cité.

Il marche maintenant vers le théâtre, dont il escalade les gradins. De là-haut, le regard gbsse vers la plaine à blé, providence des légions. Un éclat
éloigné jaillit sous le soleil: « Soc ou lance? » se demande le voyageur.

A la question silencieuse, l'enfant répond à côté: « Allons-nous-en ; il fait trop chaud ici, et tous les gens sont morts. »



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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