Poèmes

Enfance

par Jean Orizet

Le héron était cloué, ailes ouvertes, sur la porte du moulin, il se l'appropriait lentement, la pénétrait avec l'hiver pour sésame, et le meunier n'y pouvait
rien.
Près de la maison, dans cet ovale tisane — œil borgne d'un troupeau de saules — quelques salamandres protégeaient le roi des
Aulnes — taches oranges sur leur dos volées aux tournesols du jardin.

Chaque été elles embrasaient la savane, entre épicéa et charmille.
Ces demoiselles, je les savais sorcières à l'œil mouillé; comme elles j'aimais l'août brûlant qui change en brins tabac la barbe du maïs.

Un jour, grand-père s'en va, emportant mon secret.

Le lendemain, une salamandre crève la surface et le soleil envahit son ventre.

Héron, saule ou sorcière, ils savent, quand elle surgit, tourner le dos à la mort.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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