Poèmes

Le Sûr Refuge

par Anne Osmont

Les étoiles en fleur et la lune candide
Mirent leur froid regard dans le bassin des eaux
Et font luire, parmi les joncs et les roseaux.
L'étang plein de clarté que nul souffle ne ride.

Par les sentiers couverts, la chanson des amants
S'éteint. Leur double pas s'attarde sur la mousse.
Seule, j'entends rôder, dans l'ombre vague et douce,
Le nocturne troupeau des épouvantements.

La lune a peur d'errer toujours dans les ciels sombres,
Elle est pâle de voir toujours trembler les pins
Et d'entendre, mêlée à des soupirs humains.
L'eau gémir, prisonnière au lacis noir des ombres.

Les peupliers blafards grelottent avec bruit.
Les grillons, les crapauds poussent de longues plaintes;
Troublant les vieux remords et ravivant les craintes,
Des morts mal éveillés trébuchent dans la nuit.

Un hibou monstrueux à la face hagarde
Frappe de son vol mou, nos vitres. Que veut-il?...
Il passe : A l'Orient où vibre un feu subtil,
Le visage du ciel est tout changé. Regarde.

Sur des brumes couleur de perle, frais coussin.
Le soleil nouveau-né s'éveille du mystère ;
Telle on voit se gonfler sur l'étang solitaire
La fleur du nymphéa, ronde comme un beau sein.

Voici le jour. Les nids le chantent, dans le saule.
Les fantômes vont fuir devant le dieu vainqueur,
Cache-moi dans tes bras et tout près de ton cœur,
Je veux dormir longtemps, le front sur ton épaule.

Extrait de: 
Nocturnes



Poème publié et mis à jour le: 02 May 2025

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