Poèmes

Le Suaire de Mohammed Ben-Amer-Al-Mancour

par Charles Marie Rene Leconte de Lisle

Charles Leconte de Lisle

Gémis, noble Yémen, sous tes palmiers si doux !
Schâmah, lamente-toi sous tes cèdres noirs d'ombre !
Sous tés immenses cieux emplis d'astres sans nombre,
Dans le sable enflammé cachant ta face sombre,
Pleure et rugis, Maghreb, père des lions roux !
Azraël a fauché de ses ailes funèbres
La fleur de Korthobah, la Rose des guerriers !
Les braves ont vidé les larges étriers,
Et les corbeaux, claquant de leurs becs meurtriers,
Flairent la chair des morts rbidis dans les ténèbres.
Ô gorges et rochers de Kala't-al-Noçour,
Qu'Yblis le Lapidé vous dessèche et vous ronge !
Ce fulgurant éclair, plus rapide qu'un songe,
Qui du Hedjaz natal au couchant se prolonge,
La Gloire de l'Islam s'est éteinte en un jour !
Devant ton souffle, Allah, poussière que nous sommes !
Vingt mille cavaliers et vingt mille étalons,
Se sont abattus là par épais tourbillons ;
La plaine et le coteau, le fleuve et les vallons
Ruissellent du sang noir des bêtes et des hommes.
Le naphte, à flots huileux, par lugubres éclats,
Allume l'horizon des campagnes désertes,
Monte, fait tournoyer ses longues flammes vertes
Et brûle, face au ciel et paupières ouvertes,



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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