L’edelweiss en goguette est cueillie en montagne
Avec des coquettes qui tresseront un pagne
A l’oriole esseulée appelant le pinson
Blotti dans l’enfourchure du chêne en bourgeons.
Veux-tu ôter ta coiffe et démasquer le loup
Du visage-misère abîmé jusqu’au cou.
Ta bouche trop ouverte aspire les goulées
Du vent frais oublié de tes jeunes années.
Où sont les fleurs d’automne, le bouquet de ton cœur,
L’odeur du romarin, de résine de pin ?
Qu’as-tu fait de l’ardeur, des élans de douceur
De tes mains éperdues dans le creux de mes reins ?
Enfile tes guenilles et va chasser l’anguille
Au marais nénuphar où grenouille est têtard.
Mire-toi dans l’eau sale où le triton fêtard
Danse la salamandre, empourpré sous mantille.
Quand le vin sera bu jusqu’en lie au calice,
Tu pourras revêtir ta chasuble en satin
Et m’offrir la ciguë, le poison des délices
Pour m’entendre le souffle expirer sur mes seins.
Ne valais-je pas mieux que de finir ainsi
Une vie consacrée à t’aimer, bel ami ?
Peux-tu me susciter, pourras-tu invoquer
Le diablotin coquin tapi à tes côtés ?
Sors de l’étang en eau croupie au goût saumâtre,
Accours près de mon feu qui se consume en l’âtre.
Ne sommes-nous pas fous d’avoir serré l’écrou
De la chaîne en nos cous pour nous noyer debout ?