e soleil s'est caché sous de sombres nuages,
Un vent précurseur des orages
Glisse dans l'horreur des forêts,
Du peuplier et du tremble,
On voit s'agiter les sommets,
La crainte et l'effroi rassemble
Les timides oiselets;
Dans sa terreur inquiète
Le loup cherchant une retraite
Laisse en paix les jeunes agneaux
El dans sa crainte soudaine
Le vautour vole dans la plaine
Parmi les tendres tourtereaux.
De ces antiques châteaux
Le vent ébranle le portique,
El dans le clocher antique
Vient agiter le beffroi;
Tout se tait, et dans, la nature
Un sombre et triste murmure
Remplit tous les cirurs d'effroi,
Sur le ciprès qui dans les cieux s'élance
L'oiseau des nuits qui se balance
Des sons lugubres de sa voix
Fait au loin retentir les bois
La foudre gronde dans l'abyme
Quelle est la nouvelle victime
Qui descend au sombre séjour,
Quel est le mortel déplorable
Dont la
Parque inévitable
Vient de terminer les jours?
N'est-ce pas ce
Crésus dont l'indigne opulence
Refusant une obole au pauvre malheureux
Dans ses palais fastueux
Cachait son altière insolence,
Mais il faut enfin tout laisser,
Quand le cruel destin le presse.
Et tous ses biens et toute sa richesse
Ne pourront pas l'en dispenser.
N'est-ce pas toi que dès l'enfance
Poursuivit toujours le malheur
Tu ne connus jamais l'aisance
Jamais tu n'as vu le bonheur
Sourire à ton indigence
Tu ne connus que la douleur.
Mais non le riche existe encore,
Le pauvre placé dès l'aurore
Auprès de l'orgueilleux palais
Tend encor sa main importune
A tous ceux que la fortune
A comblé de ses bienfaits.
Tels que ces feux qui dans l'orage
Glissant sur l'azur des flots
Vont ranimer le courage,
Des timides matelots.
Quelques lauriers sanglants s'inclinent sur sa tète
Son front altier brave encor la tempête,
Sur sa palme flétrie on lit en frémissant,
Ces mots : «
Austerlitz,
Mont
Saint-Jean;
Un seul revers contre trente ans de gloire. »
O mon pays, j'ose prendre la lire,
Que les vers qu'Apollon m'inspire
Trouvent place dans tous les cœurs,
Je veux pleurer tes défenseurs,
Mille transports agitent ma grande âme
Patrie,
Honneur, vous êtes mes seuls dieux
Je sens une sublime flamme.
Qui me dit de venger mon pays malheureux.
De la mort de nos preux votre mort est l'image
Les siècles vous ont admirés,
Mais on mettra dans la balance,
De vingt-mille
Français la glorieuse mort,
Et la postérité chantera leur vaillance,
Et maudira les coups du sort.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

