Pourquoi m'appelles-tu chat
Yokohama
alors que je suis un bon chat champenois?
C'est un nom de bandit, de pirate brutal
quand je crains l'eau et suis très poli.
Mon père était chat haret à
Mauregny-en-Haye,
ma mère parisienne, au village exilée
(une exilée heureuse et amoureuse).
De ce séjour : maintes pièces, escalier,
pelouses et bosquets je n'ai rien connu
que la corbeille partagée avec mon demi-frère,
Thibaut (c'est un nom indigène)
dont je n'ai plus rien su : ce que vous appelez
la mort a dû venir à bout depuis longtemps
de sa grande carcasse placide, et moi,
je vieillis avec toi, affalé
sur ton bureau tandis que tu écris,
puis tu sors et ne reviens que tard
— longues journées à dévisager les mouches,
les oiseaux derrière la vitre, que je ne poursuivrai plus foutue vie pour un animal dit de compagnie
— car tu reçois trop peu : une dame parfois
et des miettes me viennent de sa main parfumée : distraction bienvenue dans ma vie recluse. «
Il ronronne », s'étonne-t-elle, quand je suis vos gestes et le bruit des fourchettes.
tremblant d'émotion, de souvenirs de vieux festin qui remontent soudain dans ma mémoire de chat et me grisent un instant mieux que ce vin que vous buvez et vous parlez moins fort et
je m'endors.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012