Le soleil a doré les collines lointaines ;
Sous le faîte mouillé des bois étincelants
Sonne le timbre clair et joyeux des fontaines.
Un chariot massif, avec deux buffles blancs,
Longe, au lever du jour, la sauvage rivière
Où le vent frais de l'Est rit dans les joncs tremblants.
Un jeune homme, vêtu d'une robe grossière,
Mène paisiblement l'attelage songeur ;
Tout autour, les oiseaux volent dans la lumière.
Ils chantent, effleurant le calme voyageur,
Et se posent parfois sur cette tête nue
Où l'aube, comme un nimbe, a jeté sa rougeur.
Et voici qu'il leur parle une langue inconnue ;
Et, l'aile frémissante, un essaim messager
Semble écouter, s'envole et monte dans la nue.
À l'ombre des bouleaux au feuillage léger,
Sous l'humble vêtement tissé de poils de chèvre,
La croix de bois au cou, tel passe l'Étranger.
Trois filles aux yeux bleus, le sourire à la lèvre,
Courent dans la bruyère et font partir au bruit
Le coq aux plumes d'or, la perdrix et le lièvre.
Du rebord des talus où leur front rose luit,
Écartant le feuillage et la tête dressée,
Chacune d'un regard curieux le poursuit.
Lui, comme enseveli dans sa vague pensée,
S'éloigne lentement par l'agreste chemin,
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012