Poèmes

L'Auteur

par Clément Marot

Après ces mots, ses ailes ébranla,
Et vers les cours célestes s'en alla

L'éloquent dieu : mais à peine fut-il
Monté au ciel par son voler subtil
Que dedans moi (ainsi qu'il me sembla)
Tout le plaisir du monde s'assembla.
Les bons propos, les raisons singulières

Je vais cherchant, et les belles matières,
A celle fin de faire œuvre duisante
Pour dame tant en vertus reluisante.

Que dirai plus ? certes les miens esprits
Furent dès lors comme de joie épris :

Bien disposés d'une veine subtile
De vous écrire en un souverain style.
Mais tout soudain, dame très vertueuse,
Vers moi s'en vint une vieille hideuse,
Maigre de corps, et de face blêmie,

Qui se disait de
Fortune ennemie.

Le cœur avait plus froid que glace ou marbre,
Le corps tremblant comme la feuille en l'arbre,
Les yeux baissés, comme de peur étreinte,
Et s'appelait par son propre nom
Crainte.

Laquelle lors d'un vouloir inhumain
Me fit saillir la plume hors la main,
Que sur papier tôt je voulais coucher,
Pour au labeur mes esprits empêcher;
Et tous ces mots de me dire prit cure,

Mal consonant à ceux du dieu
Mercure.



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top