Hors de l'antre à demi clos d'une bouche j'ai vu jaillir l'oracle trouble des crachats
Venin d'azur
tu transformes mes yeux en deux crapauds cloués
sur le roc de ma face
au sommet de la montagne de mes années
Plusieurs rues s'étiraient jusqu'à l'extrémité des mares des lacs à fond de bourbe que l'on nomme horizons les trompettes y criaient comme crient des amarres et
secouaient leurs échos pareils à des regrets inoubliés
Ce n'était que fracas multiplié de boucliers hennissements de chevaux enveloppés de longues
housses métalliques crissements d'amour des lances frémissantes
Les horloges sonnaient les balances frissonnaient les
enseignes dansaient
mais les femmes qui passaient ne voyaient pas cet
homme dont les pieds livraient une guerre sans pitié au trottoir et qui allait
sa tête fanée emprisonnée dans ses idées comme celle des guerriers du passé derrière la grille
de leur heaume ou bien les cloches en haut des tours de cathédrale
Les femmes passaient et ne le voyaient pas
cet homme
vêtu d'un grand manteau taché de craie
Elles ne s'arrêtaient pas
lorsqu'elles croisaient cette silhouette dérisoire
ce lumignon funeste et pâle
Il aurait aimé être étendu tout nu sur la chaussée foulé par les pieds des passants ceux des femmes surtout charmants talons d'or fin
Il aurait aimé que les immeubles s'écartassent pour laisser place à son désir d'une rupture violente
Elles ne le voyaient pas ces femmes qui passaient
elles ne le voyaient pas
parce qu'elles avaient oublié son nom
son nom à lui qu'un jour l'une d'elles avait nommé
l'Amoureux-des-crachats
Passez femmes passez votre chemin si tendre
On ne peut pas toujours se rappeler n'est-ce pas le nom de celui dont le fantôme vous frôla
Ombre d'ennui
Deuil de l'ombre
Vampire triste
Inquiétante larve quotidienne
On ne peut pas toujours se rappeler n'est-ce pas
puisque pareille aux mousses des menhirs
la mémoire sombre dans la nuit des temps parfois
malgré le tournoi passager des souvenirs
le galop de la terre aux abois
Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017