Mes parents, au milieu de leur colonie,
Souffrirent toute leur jeunesse à remodeler
La vie, enfuie de nos terres ancestrales,
Quittées par obligation depuis des centuries,
Temps au multiples douleurs infernales
Qu'encore aujourd'hui nous essayons de penser.
Nos Frères, depuis, s'étaient tout approprié
Sans, pour autant, prendre le moindre soin
De ce dont ils avaient, momentanément, hérité.
Mais nous, les migrateurs involontaires,
Nous nous fîmes oiseaux forçats
Pour que redevienne habitable cette terre.
La jalousie de ceux qui y vivaient depuis
Des siècles sans jamais en donner de fruit
Transforma cette contrée en lieu de combat.
Depuis bien des années, maintenant,
Notre espèce se divise en deux clans.
Les uns suivant les aigles conservateurs
De notre race et de ses vieilles valeurs.
Les autres suivant les colombes pacifiques
Qui veulent offrir la terre comme nœud idyllique.
Mais moi, le rossignol
Qui chante les formes
Que dessine ma plume,
Je ne sais pas de qui suivre le vol.
Lequel des deux
Oiseaux majestueux
Me conduira sous les grands ormes
Sans que je risque de me faire capturer
Et être égorgé
En traversant la plaine qui fume ?
De la région de Gazha
Au milieu de la mer morte,
Circulent les terroristes, les soldats,
Et l'intolérance que le vent porte.
Des hauteurs du Golan
Aux rives du grand Nil,
Pleurent des familles
Sur la terre de Canaan.
Les aigles font parler leur force
Face à des créatures qui s'acharnent,
Tout comme ces aigles, à assassiner avec hargne.
Tous deux montrent qu'ils sont pareils aux bêtes féroces.
Les colombes veulent, avec leurs Frères, partager
en deux pauvres petites et distinctes régions,
En stoppant, de ces oiseaux déracinés, la migration
De retour à l'unique terre qu'on ne peut diviser.
Mais moi, le rossignol
Qui chante les formes
Que dessine ma plume,
Je ne sais pas de qui suivre le vol.
Lequel des deux
Oiseaux majestueux
Me conduira sous les grands ormes
Sans que je risque de me faire capturer
Et être égorgé
En traversant la plaine qui fume ?
Alors, lorsque les armes, à jamais, enfin, se tairont
Et que toutes les espèces de la terre se réuniront,
Moi, le rossignol, je louerais mille fois dans mes chansons,
L'amour que le monde entier vibrera à l'unisson.
Christian Estevez
26 février 1992