5.
La clarté entre par la fenêtre
on voit les choses comme arrêtées
dans leur évidence livre ouvert
table fauteuil on voudrait sauver
cette limpidité on regarde
mais le regard ne peut pas suffire
ni la volonté ni le savoir
l'écoute peut-être ou le passage
d'un souffle à peine comme l'oubli
6.
On touche on cherche y a-t-il jamais
eu autre chose que ce suspens
comme entre deux et quatre la rue
l'été c'était l'enfance le jaune
de la maison d'en face on répète
les mêmes mots les mêmes images
comme s'ils gardaient un peu de corps
et qu'on était resté là toujours
le front contre le froid de la vitre
7.
Ce qu'il y a on n'en sait rien
un soleil sans doute sur le point de
disparaître l'éblouissement
avant la nuit de ce qui se perd
toujours ou au contraire
l'éclat de ce qui vient la neige au matin
un silence plein de cris d'enfants
qu'on ne voit pas mais qu'on sent tout près
là comme un souffle entre deux instants
10.
Mais demain a le même visage
un ciel peut-être un peu différent
pas assez pourtant pour qu'on comprenne
ce qu'on voudrait dire se retire
ce qui vient c'est toujours autre chose
tu ne t'y reconnais pas tu entres
dans ce qui au fond de la voix n'a
pas de voix tu restes là sans mots
comme la lumière sur les mains.
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On est là, en équilibre.
La lumière est traversée
d’ombres brèves.
On reste encore
pour l’espace, pour les branches,
pour l’ombre bleue, pour le merle,
pour les visages un instant
dans le jour sans nom.
Pour ce
qui ne revient pas.
On reste
encore pour ce qui vient.
Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017