Josette

J’écarquille la pupille :
N’es-tu pas
La jolie petite fille
A papa ?
Je te reconnais, Josette,
A tes yeux
Si bleus qu’ils faisaient risette
Aux curieux

Ah ! Comme tu fus aimée :
J’étais fou !
Ma graine a été semée
Tout partout
Dans un verger et c’est pire
Dans un champ
Où même l’herbe transpire
En séchant !

Maintenant ? Ta main : verrue
Seins à plat
La disgrâce est apparue
Sans éclat…
J’inutilement te blesse ?
Et mon cœur ?
Futile et las de faiblesse
Il se meurt.

Je repense à ton visage
Brun de teint
Qui s’est bistré ; le vieil âge
L’a déteint.
Ta peau ridée, si usée
Par les ans
Revivrait dans un musée :
Parlons-en !

J’ai payé et qui rembourse
Au prix fort ?
Ne me pèse plus la bourse
Sous mon corps
Non maître à mettre à l’enchère,
Mi amor ;
Au prix cher, on s’est - très chère -
Mis à mort.