Si tes pas se font lourds dans la boue du chemin
En traversant le pont qui enjambe le doute ;
Si viennent les détours, retiens-toi à ma main,
Fais de moi ton bâton, je connais bien la route.
Si ton regard se perd à l'horizon lépreux
Voilé par l’épaisseur des brumes égarées ;
Si hagard, tu espères, tiens-toi à mes yeux,
Fais de moi ton passeur, je connais les marées.
Si ton angoisse vient des fourbes animaux
Aux langues de serpent sifflant contre nature ;
Si tu crains leur venin, retiens-toi à mes mots,
Fais de moi ton serment, je connais la droiture.
Si tu es piégée par les chaleurs d’été
Au milieu d’un boisseau qui fane et se dessèche ;
Si tu veux t'abreuver jusqu’à satiété,
Fais de moi ton ruisseau, je connais bien l’eau fraîche.
Si tu sens qu’il est temps au bord du parapet
D’avouer ton effroi de n’avoir plus d’envie ;
Si tu croises Satan, retiens-toi à ma paix,
Fais de moi ton Dieu-Roi car je connais la Vie.