Je rêve de

Je rêve d’un sentier superbe
Où pousseraient des cailloux roux
Et enfuie d’un verger de l’herbe
Venue reboucher tous ses trous.

Je rêve d’un jardin-fontaine
Où s’ouvriraient lys et glaïeuls
Venus d’une contrée lointaine
Après le deuil de leurs aïeuls.

Je rêve d’un ru sans gelure
Où vivraient mousses et galets
Entre une algue à la chevelure
Lissée par l’eau dans son palais.

Je rêve de vignes penchées
Aux pieds secs et tordus où pendent
Des grappes bleues endimanchées
Qui sur les coteaux se répandent.

Je rêve d’une roseraie
Où s’inviteraient deux tilleuls
Et une vieille ronceraie
Qui n’en pouvaient plus d’être seuls.

Je rêve aux gorges de l’Areuse
Où flânent des sœurs de Grandchamp
A l’âme pure et bienheureuse
Entonnant prières en chants.

Je rêve d’une Anne-Anémone
Arrivée après le lilas
Qui me fera la riche aumône
De me dire « hé, toi, me voilà ! »