Poèmes

Je boirai à la coupe

par Jean-Michel Bollet

Ainsi, vont et viennent les saisons et les jours,
la douceur des amours, le feu des passions ;
Le chant dans les maisons, les pains dorés aux fours,
Les champs prêts aux labours, les blés blonds des moissons.

Le printemps a fêté la sortie de l’hiver ;
Les fleurs sont rassemblées dans leur variété
On entend en forêt peupleuter le pic-vert ;
Viennent les automnes et s’en vont les étés.

Et s’étendent les nuits jusqu’aux blanches aurores
Et s’éveille mon corps où le jour m’éblouit,
Eclaboussant le lit d’une giclure d’or ;
Alors, je me rendors et mon rêve me suit.

Dans le cocon douillet du ventre maternel
Je me sens éternel mais je devrai téter
Le lait de la mamelle à titre personnel
Afin d’inviter les beaux jours pour les fêter.

Le fromage moelleux de la brebis amie
Tiré du pis tiédi dans un geste amoureux
S’étale en crème épaisse et recouvre la mie
De la tranche de pain au croûton savoureux.

Ah ! Me désaltérer dans les rus où l’amande
Et le lait de chamelle se sont mariés
Devant un rosier blanc où ma femme gourmande
Aime la douceur de mes baisers variés.

Et j’oserais le pleur à mes rires éteints
Qui tomberait en vain dans une coupe pleine ;
Et le chêne à l’écorce au si âpre tanin
Déteindrait sur le vin qui rougirait ma veine.

Les moteurs vrombissant claquent à mes oreilles
Qui savent écouter le vacarme en silence ;
Et j’entre dans la danse en jaquette vermeille,
Saisissant une fleur qui, au vent, se balance.

L’automne est émouvant car il aime jouer
Un peu avec l’été, ses ors, son feu brûlant.
Il s’épand sur les champs dans son voile oranger,
Eclairant le sentier emprunté par le faon.

La montagne m’appelle à grimper en hauteur,
Berceau de l’edelweiss, du faucon crécerelle.
Je boirai la coupelle pleine de fraîcheur
Dont je me griserai, étendu, face au ciel.

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