Poèmes

Fin D'hiver

par Philippe Jaccottet

Philippe Jaccottet

Peu de chose, rien qui chasse l'effroi de perdre l'espace est laissé à l'âme errante

Mais peut-être, plus légère, ' incertaine qu'elle dure, est-elle celle qui chante avec la voix la plus pure les distances de la terre

Une semaison de larmes sur le visage changé, la scintillante saison des rivières dérangées : chagrin qui creuse la terre

L'âge regarde la neige s'éloigner sur les montagnes

Dans l'herbe à l'hiver survivant ces ombres moins pesantes qu'elle, des timides bois patients sont la discrète, la fidèle,

l'encore imperceptible mort

Toujours dans le jour tournant ce vol autour de nos corps
Toujours dans le champ du jour ces tombes d'ardoise bleue

Vérité, non-vérité se résorbent en fumée

Monde pas mieux abrité que la beauté trop aimée, passer en toi, c'est fêter de la poussière allumée

Vérité, non-vçrité brillent, cendre parfumée



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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