les religieuses à grosses joues
rouges, à gros mollets, à gros
derrière le dimanche descendent chez
l’oncle vigneron manger la tarte aux prunes.
Il fait bleu depuis le sommet des monts
jusqu’au bas des coteaux. Mais tout cela c’est
la montagne dont parfois nous autres
gens de la plaine nous voyons au loin
une fenêtre heureuse briller dans un instant de soleil.
La plaine c’est autre chose. Entre les joncs,
parmi les roseaux glissent à long fil d’argent
et noires glissent les eaux dormantes
les eaux profondes où parfois une servante
se noie pour n’avoir pas épousé le
fils du meunier du maire ou du maréchal,
glissent les eaux dormantes sous
la chaleur de juillet équatorial
et la cigogne sur ses ailes étales
c’est en vain qu’elle survole
une demi-lieue de champs, tout est sec.
Les grenouilles d’herbe se sont blotties
sous les feuilles. Mais les eaux
glissent profondes pourtant habitées
de carpes, de brochets, de
fantômes, de songes.
Toi qui debout sur la berge regardes
et sans armes vois passer sans
bruit, vois planer la buse, et le
lapereau, toi qui regardes l’eau noire
qu’espères-tu donc ?
Poème publié et mis à jour le: 20 November 2022