Poèmes

Dépassé. Provisoirement

par Jean-Paul de Dadelsen

Jean-Paul de Dadelsen

Sombre. Mais l’espace plus vaste.
Moins de gens. Le sentier dans l’obscurité
mène-t-il vers une solitude plus vraie ?
Peut-être est-ce à cet âge, en ce lieu, ici
que se partagent les routes.
 
Sombres heures, journées, semaines. Ainsi
dans la plaine de ton enfance, les eaux très lisses,
très silencieuses. Et noires. Le cœur
s’est lassé de courir. A pas plus lents.
à pas presque égaux, ce cœur
nous entraîne sans bruit vers l’ampleur de la nuit.
 
Il ne désire plus. Ne gambade plus. Ne se cabre plus.
Mais à voix basse, dans la brise obscure, il chante encore.
Lente chanson linéaire, horizontale,
sans grincements, sans grimaces, sans cris.
 
Il est temps de dormir. Faut-il présentement
attendre le retour d’une aube plus mûre
pour un travail plus régulier ?
Ou faut-il déjà, faut-il vraiment, faut-il
descendre vers les rives de la grande eau souterraine ?

****

Faut-il toujours attendre ?
 
Cancer –est-ce prévoir ?
Attendre ? remettre le jour de se rompre et se défaire.
Cancer, fausse adolescence, construction de mort
quand il faudrait laisser le vent jeter à bas
les dernières tuiles sur la poutre vermoulue.
 
Le jour où l’orage le frappe
le vent de l’orage le guérit.
Le feu qui lui mordit le foie et les reins
-le guérit. Il faut mourir guéri.
 
Je serai nettoyé si
j’éclate au vent comme citrouille vieille.
Peut-être pour un nouveau travail, ne reprend-on
que des objets bien nettoyés ?



Poème publié et mis à jour le: 20 November 2022

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