Secouons la léthargie
Où tout est trop oublié,
Et traitons notre énergie
Comme un muscle atrophié.
Veuillons pour vouloir. La chose
Importe peu ! Mais veuillons !
Veuillons cueillir une rose
Sur un gouffre, et la cueillons ;
Veuillons franchir un obstacle.
Devenir tireur adroit,
Organiser un spectacle,
Faire respecter un droit.
Parler la langue des Kurdes,
Écrire le nubien ;
Veuillons des choses absurdes
Pour apprendre à vouloir bien !
Quittons lame inoccupée
Que nul désir n'effleurait :
On apprend la lourde épée
Avec le léger fleuret.
Ces petits sports volontaires
Ne seront pas superflus.
Ainsi qu'on fait des haltères,
Veuillons peu d'abord, puis plus.
Ramassons, aux plages molles,
Des cailloux, et lançons-les !
On devient des discoboles
En maniant des galets.
Lorsque nous nous fatiguâmes
A vouloir, soyons contents ;
Car lorsqu'on a fait ses gammes
On n'a pas perdu son temps.
Telle ambition profonde,
Jouant un jeu qu'on moquait,
Guettait la boule du monde
Dans celle d'un bilboquet.
Poème publié et mis à jour le: 05 August 2022