Poèmes

Épitaphe

par Pierre Corneille

Pierre Corneille

(Sur la mort de Mademoiselle Élisabeth Ranquet,
Femme de M. Du Chevreul, Écuyer, Seigneur d'Esturnville.)

Sonnet.

Ne verse point de pleurs sur cette sépulture,
Passant : ce lit funèbre est un lit précieux,
Où gît d'un corps tout pur la cendre toute pure ;
Mais le zèle du cœur vit encore en ces lieux.

Avant que de payer le droit de la nature
Son âme, s'élevant au-delà de ses yeux,
Avait au Créateur uni la créature ;
Et marchant sur la terre elle était dans les cieux.

Les pauvres bien mieux qu'elle ont senti sa richesse :
L'humilité, la peine, étaient son allégresse ;
Et son dernier soupir fut un soupir d'amour.

Passant, qu'à son exemple un beau feu te transporte ;
Et, loin de la pleurer d'avoir perdu le jour,
Crois qu'on ne meurt jamais quand on meurt de la sorte.

Extrait de: 
Poésies diverses



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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