Poèmes

Dichterliebe

par Dominique Pagnier

Parce qu'il aimait une femme qui en aimait un autre, un homme marchait. À chacun de ses pas vers le fond de la route, sa silhouette plus pure s'effaçait sur le soleil
chancelant.

Peu à peu il perdait l'usage de son cœur et, lorsqu'il s'arrêtait pour l'entendre, ce n'était plus sous la nuit que le bruit sourd du transport de la terre.

Il contemplait aussi les pays : les mers généreuses, le commerce du sucre, l'industrie des délices où travaillaient les mulâtresses au sexe obscène et
merveilleux.

Très loin, dans les feuillages, des filles suppliaient Amour de quitter son île et de laisser ses traits vainqueurs. Lilas et lys puaient la décadence de Cythère.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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