Poèmes

Complainte des Printemps

par Jules Laforgue

Jules Laforgue

Permettez, ô sirène.
Voici que votre haleine
Embaume la verveine;
C'est l'printemps qui s'amène !


Ce système, en effet, ramène le printemps,
Avec son impudent cortège d'excitants.

Otez donc ces mitaines ;
Et n'ayez, inhumaine,
Que mes soupirs pour traîne :
Ous'qu'il y a de la gêne...


Ah ! yeux bleus méditant sur l'ennui de leur art !
Et vous, jeunes divins, aux soirs crus de hasard !

Du géant à la naine.
Vois, tout bon sire entraîne
Quelque contemporaine,
Prendre l'air, par hygiène...


Mais vous saignez ainsi pour l'amour de l'exil !
Pour l'amour de l'Amour !
D'ailleurs, ainsi soit-il...

T'ai-je fait de la peine ?
Oh ! vicas vers les fontaines
Où tournent les phalènes
Des
Nuits
Elyséennes !


Pimbêche aux yeux vaincus, bellâtre aux beaux jarrets,
Donnez votre fumier à la fleur du
Regret.

Voilà que son haleine
N'embaum' plus la verveine !
Drôle de phénomène...
Hein, à l'année prochaine ?


Vierges d'hier, ce soir traîneuses de fœtus, À genoux ! voici l'heure où se plaint l'Angélus.

Nous n'irons plus au bois,
Les pins sont éternels, les cors ont des appels !...

Neiges des pâles mois,
Vous serez mon missel ! —
Jusqu'au jour de dégel.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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