Poèmes

Chant de L'horizon en Champagne

par Guillaume Apollinaire

Guillaume Apollinaire

Voici le tétin rose de l'euphorbe verruquée

Voici le nez des soldats invisibles

Moi l'horizon invisible je chante

Que les civils et les femmes écoutent ces chansons

Et voici d'abord la cantilène du brancardier blessé

Le sol est blanc la nuit l'azuré
Saigne la crucifixion
Tandis que saigne la blessure
Du soldat de
Promission

Un chien jappait l'obus miaule
La lueur muette a jailli
A savoir si la guerre est drôle
Les masques n'ont pas tressailli

Mais quel fou rire sous le masque
Blancheur éternelle d'ici
Où la colomlie porte un casque
Et l'acier s'envole aussi

Je suis seul sur le champ de bataille

Je suis la tranchée blanche le bois vert et roux

L'obus miaule

Je te tuerai

Animez-vous fantassins à passepoil jaune

Grands artilleurs roux comme des taupes

Bleu-de-roi comme les golfes méditerranéens

Veloutés de toutes les nuances du velours

Ou mauves encore ou bleu-horizon comme les autre»

Ou déteints

Venez le pot en tête

Debout fusée éclairante

Danse grenadier en agitant tes pommes de pin

Alidades des triangles de visée pointez-vous sur les

lueurs
Creusez des trous enfants de 20 ans creusez des trous

Sculptez les profondeurs
Envolez-vous essaims des avions blonds ainsi que les

avettes
Moi l'horizon je fais la roue comme un grand
Paon Écoutez renaître les oracles qui avaient cessé

Le grand
Pan est ressuscité
Champagne viril qui émoustille la
Champagne
Hommes faits jeunes gens
Caméléon des autos-canons
Et vous classe 16
Craquements des arrivées ou bien floraison blanche

dans les cieux
J'étais content pourtant ça brûlait la paupière
Les officiers captifs voulaient cacher leurs noms Œil du
Breton blessé couché sur la civière
Et qui criait aux morts aux sapins aux canons
Priez
Pour moi
Bon
Dieu je suis le pauvre
Pierre

Boyaux et rumeur du canon

Sur cette mer aux blanches vagues

Fou stoïque comme
Zenon
Pilote du cœur tu zigzagues

Petites forêts de sapins
La nichée attend la becquée
Pointe-t-il des nez de lapins
Comme l'euphorbe verruquée

Ainsi que l'euphorbe d'ici
Le soleil à peine boutonne
Je l'adore comme un
Parsi
Ce tout petit soleil d'automne

Un fantassin presque un enfant
Bleu comme le jour qui s'écoule
Beau comme mon cœur triomphant
Disait en metttant sa cagoule

Tandis que nous n'y sommes pas
Que de filles deviennent belles
Voici l'hiver et pas à pas lueur beauté s'éloignera d'elles

O
Lueurs soudaines des tirs
Cette beauté que j'imagine
Faute d'avoir des souvenirs
Tire de vous son origine

Car elle n'est rien que l'ardeur

De la bataille violente

Et de la terrible lueur

Il s'est fait une muse ardente

Il regarde longtemps l'horizon
Couteaux tonneaux d'eaux
Des lanternes allumées se sont croisées
Moi l'horizon je combattrai pour la victoire

Je suis l'invisible qui ne peut disparaître
Je suis comme l'onde

Allons ouvrez les écluses que je me précipite et renverse tout



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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