L'autre jour je m'en allois
Mon chemin droict à
Lyon;
Je logis chez là
Cordiere
Faisant le bon compagnon.
S'a dit la dame gorrière: «
Approchez vous mon ami,
La nuict je ne puis dormir. »
II y vint un
Advocat,
Las, qui venoit de
Forvière ;
Luy monstra tant de ducats :
Mais ils ne luy coustoient guère. «Approchez vous,
Advocat»,
S'a dit la dame gorrière, «
Prenons nous deux noz esbats.
Car l'on bassine noz draps».
Elle dict à son mary :
«Jan
Jan, vous n'avez que faire;
Je vous prie, allez dormir;
Couchez vous en la couchette,
Nous coucherons au grand lict. »
S'a dit la belle
Cordiere : <•
Despouillez vous, mon amy.
Passons nous deux nostre ennuy.»
II y vint un
Procureur
Qui estoit de bonne sorte;
En faisant de l'amoureux
II y a laissé sa robe.
Et sa bourse, qui vaut mieux;
Mais il ne s'en soucie guère. «Approchez vous, amoureux.
Nous ne sommes que deux. »
II y vint un cordonnier
Qui estoit amoureux d'elle:
Il luy portoit des souliers
Faictz à la mode nouvelle :
Luy donna un chausse-pied.
Mais ell' n'en avoit que faire,
EU' n'en avoit pas mestier:
Ils estoient à bas cartier.
II est venu un
Musnier,
Son col chargé de farine ;
La
Cordiere a maniée :
Elle luy faict bonne mine;
Il a toute enfarinée
Ceste gentille
Cordiere :
Il la faut espousseter
Tous les soirs après souper.
II y vint un
Florentin,
Luy monstra argent à grant somme ;
Tout habillé de satin.
Il faisoit le gentilhomme.
EU' le receut doucement
Pour avoir de la pecune ;
Le but où elle prétend
C'est pour avoir de l'argent.
Recueil de plusieurs chansons divisé en trois parties.
Lyon, .
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012