Un pays, — non, ce sont des côtes brisées de la dure Bretagne : Penmarc'h, Toul-Infern, Poul-Dahut, Slang-an-Ankou... Des noms barbares hurlés par les rafales, roulés
sous les lames sourdes, cassés dans les brisants et perdus en chair de poule sur les marais... Des noms qui ont des voix.
Là, sous le ciel neutre, la tourmente est chez elle : le calme est un deuil.
Là, c'est l'étang plombé qui gît sur la cité d'Ys, la Sodome noyée.
Là, c'est la Baie-des-Trépassés où, des profondeurs, reviennent les os des naufragés frapper aux portes des cabanes pour quêter un linceul ; et le Raz-de-Sein,
couturé de courants que jamais homme n'a passé sans peur ou mal.
Là naissent et meurent des êtres couleur de roc, patients comme des éternels, rendant par hoquets une langue pauvre, presque éteinte, qui ne sait rire ni pieu-rer...
C'est là que j'invente un casino.
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012