On parle, avec raison, du vent dans les voiles (l'émotion de le voir, pour la première fois, gonfler celles des jonques sur la mer de Chine).
On évoque, à juste titre, le tonnerre des réacteurs (lassitude des tympans après un jour et une nuit de vol).
On fait moins souvent allusion (pourquoi ?) à la brise qui se lève sur le plancher, puis dans les pattes des vaches broutant l'herbe d'Ile-de-France, tandis que les femmes cueillent
des haricots verts au jardin, et que les enfants font une épicerie de quelques graines oubliées des oiseaux, sous le vieux poirier tout proche, à trois pas de l'automne.
Cette brise-là, qui ne casse jamais rien, puisqu'elle a partie bée avec les frênes et les saules, a pourtant beaucoup voyagé, elle aussi. Mais les seules à le savoir
sont les cigognes et les oies sauvages, celles qu'on oublie toujours d'interroger.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012