Poèmes

Baliade du Temps que Marot Etait au Palais a Paris

par Clément Marot

Musiciens à la voix argentine.

Dorénavant comme un homme éperdu

Je chanterai plus haut qu'une buccine,

Hélas si j'ai mon joli temps perdu.

Puisque je n'ai ce que j'ai prétendu,

C'est ma chanson, pour moi elle est bien due ;

Ot je vais voir, si la guerre est perdue,

Ou s'elle pique ainsi qu'un hérisson.

Adieu vous dis mon maître
Jean
Grisson ;

Adieu
Palais, et la
Porte
Barbette,

Où j'ai chanté mainte belle chanson

Pour le plaisir d'une jeune fillette.

Celle qui c'est, en jeunesse est bien fine,
Ou j'ai été assez mal entendu :
Mais si pour elle encore je chemine.
Parmi les pieds je puisse être pendu.
C'est trop chanté, sifflé, et attendu
Devant sa porte, en passant par la rue.
Et mieux vaudrait tirer à la charrue,
Qu'avoir tell'peine, ou servit un maçon.
Bref, si jamais j'en tremble de frisson,
Je suis content qu'on m'appelle
Caillette .
C'est trop souffert de peine, et marrisson
Pour le plaisir d'une jeune fillette.
Je quitte tout, je donne, je résigne

Le don d'aimer, qui m'est si cher vendu.
Je ne dis pas que je me détermine
De vaincre
Amour, cela m'est défendu,
Car nul ne peut contre son arc tendu.
Mais de souffrir chose si mal congrue,
Par mon serment je ne suis plus si grue,
On m'a appris tout par cœur ma leçon :
Je crains le guet, c'est un mauvais garçon
Et puis de nuit trouver une charette :
Vous vous cassez le nez comme un glaçon
Pour le plaisir d'une jeune fillette.

ENVOI

Prince d'Amour, régnant dessous la nue,
Livre-la moi en un lit toute nue.
Pour me payer de mes maux la façon.
Ou la m'envoie à l'ombre d'un buisson
Car s'elle était aveques moi seulette,
Tu ne vis onc mieux planter le cresson,
Pour le plaisir d'une jeune fillette.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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