Il a passé des ans sept et demi
Que je vous ai pour ma dame choisie,
Et aujourd'hui derechef vous choisis
Four une fois et pour toute ma vie.
Et sais si bien que de vous me dois mie
Etre choisi comme pour votre per '.
Mais s'il vous plaît, belle, bonne et plaisant
Choisissez-moi comme votre servant
Qui loyaument -' vous veut servir et plaire.
Et si merci vous requiers trop avant
Pardonnez-moi, besoin me le fait faire.
Besoin me fait quérir votre merci
Mais de l'avoir humblement je vous prie.
Car je sais bien plusieurs y ont failli
Qui mieux que moi l'avaient desservie.
Et non pourtant, belle, quoi que je die '
Chaque homme doit son meilleur désirer.
De l'autrui fait n'ai-je rien à parler.
Fors que du mien qui m'est le plus pesant.
Pour ce viens-je devers vous à garant
Car d'autre part ne me veux ni dois taire
Et si je dis trop en moi complaignant
Pardonnez-moi, besoin me le fait faire.
Votre beauté trépasse si parmi
Le cœur de moi, belle, je vous affie,
Qu'il ne lui chaut * ni de moi ni de lui
Fors que de vous, où il a s'étudie.
Tout ce qu'on voit devant mes yeux oublie
Mais nuit et jour lui faut imaginer
De vous servir, obéir et doubter *
Plus que celles toutes qui sont vivant '.
Si merci n'ai dont je suis désirant,
Tant le désir que je ne m'en puis taire.
C'est malgré moi que je vous en dis tant ;
Pardonnez-moi, besoin me le fait faire.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012