Poèmes

Apprentissage

par Jean-Michel Bollet

En dénigrant sa voix, il arma la menace
Et l’haineux s’égara
En montrant de son doigt la fougueuse et tenace
Hélène Ségara
Qu’il croit qu’elle a le droit octroyé par la fée
Supervisant le chant
De pouvoir exercer et sans s’être échauffée
Dans un talent touchant
Alors qu’il sait (d’ailleurs le premier vers l’accuse)
Qu’il a le sot défaut
De jalouser le bel canto de Syracuse
Rarement sonnant faux
Ainsi que les cordes fines et féminines
Des cousines du Nord
Nanties de dons innés, de grâces léonines
Ravissant le ténor ;
Il s’était essayé un peu à l’écriture
Avant d’aimer le son
Et il avait conclu sans frise et fioriture :
J’apprendrai ma leçon
Car pour coucher un mot, le bon, le seul, le juste
Pour qu’il soit accepté
Il faut se concentrer et la phrase s’ajuste
En l’ayant adopté.
Il devrait comprendre que la gorge travaille
De la même façon
Et ne devrait pas dire : allez, vaille que vaille
Pas besoin de maçon
Pour poser une note et bâtir un ensemble
Solide et cohérent
Même si au départ, son trémolo ressemble
A un chat gris errant
Dont le miaulement donne la chair de poule
Au parent soucieux
Que son enfant chéri a pris un coup de boule
Sur son front gracieux ;
Le nouveau né avant de parler vocalise
En montant haut le ton
Et son pavillon plus tard se sensibilise
Au son d’un mirliton
Ou de tout instrument qui joue de la musique
Influant sûrement
Un esprit réceptif transmettant au physique
Singulièrement
L’envie de reproduire en usant de sa voix
La mélodie ouie
Et c’est en s’entraînant que le chanteur pourvoit
A la joie inouïe
D’être à égalité (ou presque) avec la star
Qu’il jalouse et adore
Et se glorifierait (jusqu’à être vantard)
Comme un fier commodore
Debout à la proue de son imposant navire
Qu’il guide sur les flots
En affrontant le vent venu pour qu’il chavire
Et sombre au fond de l’eau
A l’instar du poumon qui comprime et délivre
L’air commun qui devient
Le soutien dont le mot a besoin dans le livre :
Seul le son y parvient
Après qu’en eurent soin la gorge avant les lèvres
Ainsi que le palais
Pour apporter douceurs, emballements ou fièvres
Comme s’il le fallait ;
Encore es-tu sans voix, râleur qui la dénigre
Ou battras-tu Trenet ?
Si le lion rugit et si feule le tigre,
Petits, ils s’entraînaient.
Il n’est pas de tare, de lie et de lacune
Au fond d’eux, le suc sait
Qu’il se cache en chacun, qu’il se cache en chacune
Pour que naisse un succès.

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